"HERBE" : un film à voir absolument…

“HERBE”

Un film, un film documentaire de Matthieu Levain et Olivier Porte ; Montage : Matthieu Levain et Alexandre Teboul ; Musique : Emmanuel Levain ; Image : Matthieu Levain ; Son : Olivier Porte ; Durée : 76 mn

Sortie en salle le 18 février 2009.

Un nouveau documentaire est sorti aujourd’hui, un film à ne pas louper pour tous les adeptes des “road-movies paysans” !

Qualifié de road-movie paysan par ses auteurs, “HERBE” sillonne les routes de Bretagne à la rencontre des éleveurs de vaches laitières. Matthieu Levain et Olivier Porte signent ici un documentaire primesautier qui épingle les dysfonctionnements d’un système arbitraire.

L’alimentation des bovins se composerait aujourd’hui principalement de maïs fourrage mêlé à des granulés de colza et de soja assurant l’apport en protéines dont l’herbe est naturellement pourvue. Alors pourquoi ne pas tout bonnement emmener les bovins paître dans les prés ? C’est justement à ce débat que nous convient les réalisateurs d’Herbe, film partisan sans être manichéen. Et à travers le cas des producteurs laitiers bretons, ils mettent en lumière le lobbying des coopératives et les dérives de la Politique Agricole Commune (PAC).

Nouvelle vague

Une quantité croissante d’éleveurs préfère laisser le cheptel brouter l’herbe des prés plutôt que les nourrir avec des céréales importées du Brésil ou des Etats-Unis. Cette alternative a emporté l’adhésion de Levain et Porte qui ont baguenaudé en Bretagne d’une ferme à l’autre afin de présenter les avantages de ce système d’agriculture durable. Mais loin de se limiter à un dithyrambe stérile, leur documentaire rapporte adroitement le point de vue des détracteurs de cette pratique. L’absence de voix-off témoigne du même souci d’équité, à défaut d’impartialité. Les réalisateurs ont par ailleurs opté pour un habile montage où les intervenants et les scènes se répondent.

André Pochon, par exemple, milite pour un retour au système « herbager ». Et c’est un plaisir que d’écouter cet agriculteur à la retraite exposer sa fameuse méthode de prairies de trèfle blanc qui exige peu d’engrais. Les couleurs de la nature alentour, même sous une pluie fine, illuminent cette séquence et contrastent avec l’atonie des images filmées à l’intérieur des hangars productivistes où les vaches sont alignées. Tandis que les unes sont emprisonnées à l’usine, les autres vaquent librement dans les prairies. Car les partisans de l’herbe prônent un modèle autonome et peu coûteux, tout en admettant qu’il s’agit d’un système sur le fil où l’on connaît chaque année un passage difficile.

La tradition de la qualité

C’est justement cette sujétion aux caprices du temps que refusent les défenseurs du maïs fourrage. Le documentaire nous révèle néanmoins le joug tout aussi pesant sous lequel ces derniers vivent : celui de l’emprunt que les ont incité à contracter les coopératives agricoles. En effet, celles-ci poussent les éleveurs à s’endetter pour investir dans des bâtiments onéreux et des installations dernier cri. Il faut alors voir cette scène où le repas des bêtes évoque les Temps modernes : chaque vache est équipée d’une puce électronique indiquant sa production de lait à un ordinateur qui l’engraisse en conséquence.

Mais Herbe met également à jour un paradoxe : c’est cette agriculture industrielle qui apparaît aujourd’hui « traditionnelle » et qui se trouve encouragée. C’est elle qui se voit offrir six à sept fois plus de primes que la filière herbagère. Mais ces exploitants productivistes confessent cependant à la caméra qu’ils peinent à rembourser leur crédit et à se dégager en outre de quoi vivre. Et malgré leur profond désaccord avec cette approche de l’élevage, Levain et Porte ne peuvent dissimuler dans cette séquence l’empathie qu’ils éprouvent à leur égard. Car là réside sans doute le vrai mérite de cet heureux documentaire : dénoncer avec élégance, sans condescendance ni forfanterie.

Pour en savoir plus, allez sur le site, et parlez-en autour de vous !

www.herbe-lefilm.com

“Si vous voulez savoir pourquoi des paysans préfèrent travailler plus, s’endetter plus, gagner moins, pour élever des bêtes qui mangent du maïs et du soja OGM acheminé sur des milliers de kilomètres, plutôt que de simplement les laisser brouter l’herbe, regardez ce film ! Un film d’une grande simplicité, simple comme l’herbe…”

Cyril DION, Directeur du Mouvement pour la Terre et l’Humanisme.